Interview pour le film 20 avec Cinema Today

Q : L’animé et les films continuent depuis 20 ans. Qu’est-ce que ça fait ?
A : Je me dis « Quoi, déjà 20 ans ? » ! (rires) Je pense que c’est très surprenant que l’on en arrive si loin. Je n’aurais pas cru que les chapitres hebdomadaires dans le magazine durent si longtemps. Mais je dois avouer que le nombre de choses que je désire faire augmente énormément de jours en jours (rires)

Q : Vous ne pensiez pas qu’une confrontation entre le FBI, le PSB et l’Organisation devienne un jour une réalité dans les films, n’est-ce pas ?
A : Et c’est le thème principal du film. On a fait ça en ayant en tête « Allez, on va le faire ! ». Dans le manga, c’est assez dur de dessiner comme il se doit des scènes d’action, donc il y a certaines choses que je ne peux pas montrer. La confrontation entre Shûichi Akai (enquêteur au FBI) et Tôru Amuro (du PSB) est quelque chose que je voulais montrer, alors je me suis dit que l’on pourrait les faire se battre dans le film (rires). Je veux que les fans voient cette scène de confrontation, vraiment.

Q : Est-ce qu’il arrive parfois que l’équipe de l’animé et/ou des films vienne vous voir en vous disant « On veut faire ceci/cela » ?
A : C’est ce qui arrive chaque année, en gros. Ils veulent faire quelque chose. Ce n’est pas qu’ils me demandent de faire quelque chose spécifiquement pour un film ou un épisode, c’est juste toujours comme cela que ça se passe, et moi je demande à ce que des scènes compliquées à faire dans le manga soient animées. Lorsque je veux faire exploser quelque chose, ou que je veux créer une scène d’action à grande échelle, et que mes assistants commencent à pleurer (rires). Je pense à leur faire faire des choses qui peuvent être faites dans des films.

Q : Cela signifie-t-il que c’était votre idée, de faire apparaître l’Organisation dans ce film ?
A : Si l’Organisation apparaît dans ce film, c’est parce que le producteur m’a dit qu’il voulait qu’elle apparaisse, parce que c’était le vingtième film (rires). Mais ils y ont investi beaucoup d’énergie. Beaucoup d’idées sont venues lors de l’écriture des brouillons.

Q : Il semblerait que vous ayez dessiné des scènes pour le film, cette année encore…
A : En effet. J’ai dessiné Akai et Amuro, aussi. Et il y a un autre personnage, un personnage surprenant, qui apparaît dans un dessin, donc… Essayez de les trouver au cinéma (rires)

Q : Vous supervisez aussi d’autres choses, dessins mis à part.
A : Oui. Je vérifie le script et les storyboards. J’ai été plus impliqué que d’habitude parce que l’Organisation apparaît dans ce film. Je ne veux pas qu’un problème arrive parce que quelque chose ne va pas dans le film. L’équipe de l’animé m’a posé beaucoup de questions depuis les débuts des ébauches. J’ai donné l’identité d’Ano Kata, le boss de l’Organisation, au directeur au producteur de l’animé, parce qu’étant donné qu’ils font une histoire à propos de l’Organisation, il fallait que je leur explique. Ils ne comprendraient pas sinon (rires)

Q : Ces mots, que Ran dit à la fin du trailer, étaient surprenants. C’est vous qui les avez trouvés ?
A : Evidemment ! Cette réplique n’était pas là au début du projet. Je l’ai rajoutée lorsque j’ai relu le script, mais le storyboard était déjà presque fini à ce moment-là, et je n’avais pas l’impression qu’il restait du temps pour faire rentrer cette scène. Mais je me suis dit que c’était réplique était un must, alors je l’ai faite réapparaître.

Q : Si vous avez supervisé les ébauches et les storyboards, vous avez sûrement été crédité comme Conseiller artistique, non ?
A : Non, c’est quelque chose d’évident dans l’équipe « Conan ». Je ne rejoins pas l’équipe, parce que je n’en vois pas l’intérêt. Je suis satisfait avec simplement faire le manga. Lorsque je vois d’autres mangakas être crédités comme Conseiller artistique, je me dis « Attends, quoi… ? » (rires)

Q : Qu’est-ce que vous feriez si l’on vous offrait l’occasion d’écrire un scénario du début à la fin ?
A : Je pense que je le ferais, mais je devrais aussi arrêter d’écrire les chapitres du manga… C’est compliqué. Je préfererais être directeur. J’aimerais dessiner une confrontation avec Kaitô Kid, ou l’Organisation. Peut-être que je devrais en créer une… (rires)

Q : Vous avez fait apparaître beaucoup de détectives différents dans « L’Encyclopédie des détectives de Gôshô Aoyama ». Beaucoup de détectives de films ou de romans sont mentionnés. Malgré tout votre travail, est-ce que vous regardez des films ou des dramas ?
A : Je regarde beaucoup de films. C’est dur de lire des romans (rire) Les films, au contraire, sont regardables en deux heures. Je regarde aussi des séries en live action, et des séries policières. Récemment, j’ai apprécié ‘’Les Déductions du médecin-légiste Hideo Himura’’.

Q : Aimez-vous particulièrement un film ?
A : « Amalfie : La Récompense de la déesse » (2009). J’aime beaucoup ce film, et pas seulement parce que la doubleuse guest du film, Yûki Amami-san, joue dedans. Je l’ai regardé beaucoup de fois, quand je bloquais ou que je n’avais pas d’idées. C’est très bon film, du début à la fin. Et j’aime les répliques des personnages, aussi.

Q : Certaines scènes ou certains thèmes de films que vous regardez ont-ils inspiré votre œuvre ?
A : Oui. Le film précédent, « Les Tournesols de la flamme infernale », contenait des éléments de « La Tour infernale » (1974). Le film 13, « Le Chasseur noir de jais », de « Blue Sunday » (1983). Beaucoup d’idées proviennent du visionnage de ces films. Ils sont utilisés comme exemples, donc c’est facile de dire à l’équipe « Une scène comme celle-là, dans tel film ».

Q : Comment trouvez-vous les stratagèmes de meurtre ?
A : Les éditeurs et moi les trouvons quasiment tous. Nous parlons beaucoup lors de nos rendez-vous, mais notre discussion commence toujours par « Est-ce que tu as vu des films intéressants récemment ? ». On trouve beaucoup de stratagèmes, alors on doit choisir ceux que l’on veut utiliser. On le fait tout le temps, et c’est très dur (rires)

Q : Est-ce qu’il arrive que, lors de vos rendez-vous, l’élaboration du stratagème prenne plus de place dans la conversation que l’histoire en elle-même ?
A : Ça arrive. L’histoire est plus facile à inventer, mais les stratagèmes, ça prend beaucoup de temps. Je crois que le temps d’inventer l’histoire est d’environ deux heures, tandis que le temps pour trouver et développer le stratagème met huit heures, plus ou moins. C’est assez difficile. Par ailleurs, on essaye le plus possible de tester en conditions réelles ces stratagèmes, pour voir s’ils pourraient vraiment être utilisés. Le stratagème qui est dans l’affaire du moment dans le magazine (les files 954 à 957) a été testé et a fonctionné. (rires)

Q : Pensez-vous à l’animé lorsque vous dessinez les chapitres du manga ?
A : Parfois je me dis, « Ça, ça sera compliqué à montrer dans l’animé », alors je le dessine d’une façon différente. Ça peut être une dynamique entre des cases, ou l’explication d’un stratagème… Mais bon, ce n’est pas comme si j’y pensais énormément (rires) Je dessine le manga de ma propre façon.

Q : Dans le film, l’Organisation est montrée comme étant immense. Mais dans le premier chapitre du manga, on voit Gin et Vodka monter sur des montagnes russes. Aviez-vous prévu dès le départ que l’Organisation devienne si grosse ?
A : Je laisse votre imagination faire ce travail. Mais c’est assez rare que Gin et Vodka montent dans des wagons de montagnes russes… Vodka a probablement du aller au guichet et dire « Deux adultes ». (rires)

Q : « Conan » a énormément de fans, de petits enfants à des adultes. Pourriez-vous leur dire quelque chose ?
A : Dans certaines lettres de fans, les fans disent que lorsqu’ils étaient enfants, ils trouvaient les dessins plaisants, et lorsqu’ils ont grandi, ils ont pu comprendre et apprécier l’histoire. Ils ont donc apprécié l’œuvre deux fois. Ces parties de l’histoire peu compréhensibles par un effet peuvent être relues avec les yeux d’un adulte plus tard, et ils peuvent apprécier « Conan » deux fois. Fans adultes : continuez d’aimer Conan même lorsque vous vieillirez. Et si vous avez un fils ou une fille… Allez voir le film ensemble (rires)