Détective Conan épisode 12 : L'Affaire du kidnapping d'Ayumi-chan

L’épisode 12 de Détective Conan est sorti le 15 avril 1996 et s’appelle « L’Affaire du kidnapping d’Ayumi-chan ».
Il est tiré des files 81 à 83 (vol. 9), est scénarisé par Junichi Miyashita et est storyboardé par Hirohito Ôchi. Le directeur d’animation est Hirohito Ochi.


Conan joue à cache-cache avec les Detective Boys dans un parc. Cela l’ennuie profondément, mais les DB sont venus le chercher pour jouer tandis que Ran et Sonoko se rendaient à l’université Teitan pour voir un spectacle.

Pour jouer à cache-cache, les DB utilisent leur badge de détectives que le professeur Agasa leur a fait, et qui leur permet de communiquer entre eux. C’est au tour de Genta de chercher ses camarades. Conan se cache sur un banc, devant un vieil homme qui lit un journal. Conan en profite pour lire le journal avec lui : un groupe de malfrats kidnappent ces derniers temps des petites filles dans les environs de Tôkyô.

A ce moment-là, Ayumi arrive discrètement et se penche vers Conan. « Je n’ai pas peur. Si j’étais kidnappée, tu me sauverais, hein ? Parce que nous sommes destinés à être ensemble ! », lui dit-elle. Conan est retrouvé par Genta à ce moment-là, et c’est à peine si Ayumi réussit à s’échapper, et trouve refuge dans le coffre d’une voiture à l’arrêt.

Pendant qu’ils attendent que Genta trouve Ayumi, Mitsuhiko et Conan s’assoient sur un banc. Mitsuhiko demande à Conan quelle est sa relation avec Ayumi ; il lui répond qu’elle n’est qu’une amie. Conan comprend que Mitsuhiko, ainsi que Genta, sont tous les deux amoureux d’elle.

L'heure passe, et le soleil commence à se coucher, lorsque Conan se rend compte que si Ayumi n’a toujours pas été trouvée depuis tout ce temps, c’est qu’elle a peut-être été kidnappée par le gang des ravisseurs de petites filles. Après l’avoir contactée, Conan en est persuadé : Ayumi a trouvé dans le coffre de la voiture une tête humaine, une scie pleine de sang, et beaucoup de liasses de billets.

Conan active son skateboard à turbo-moteur et poursuit les ravisseurs. Il réussit à les arrêter, et met hors d’état de nuire un des deux hommes. L’autre homme leur explique qu’ils sont des acteurs, et que la tête ainsi que la scie pleine de sang ne sont que des objets censés être utilisés lors d’une pièce de théâtre qu’ils doivent jouer dans quelques heures à l’université Teitan.

Il oblige les Detective Boys à jouer, déguisés, dans la pièce.

I – Graphiquement

L’épisode 12 marque le retour d’Haruo Ogawa à la direction de l’animation. Comme nous l’avons déjà expliqué dans de précédentes KudoCritiques, le directeur de l’animation est l’homme qui donne sa patte à l’épisode. Il dirige l’équipe d’animateurs, qui sont généralement plus d’une vingtaine, et impose son style. Il dessine les plans les plus importants, et les animateurs sont chargés d’animer les mouvements entre deux « key frames ». Or, Ogawara, qui est directeur d’animation sur cet épisode, est un des pires directeurs d’animation de Détective Conan – encore aujourd’hui, il figure sur la liste noire de la série. Il n’a été donc embauché que sur les premières saisons. Son style, très remarquable, est à des lieues de correspondre à l’esthétique de la série : les visages sont trop gros, les oreilles trop grandes, les yeux trop larges. Si cette patte graphique ne se distinguait pas trop du reste des épisodes aux débuts de la série, lorsque le style général de tous les animateurs était de faire les visages gros et ronds, cela ne passerait plus du tout aujourd’hui.

L’animation en elle-même est assez bonne. Ogawara a fait un travail plus que satisfaisant pour les scènes d’action. Elles sont si rares dans Détective Conan que l’on apprécie d’en voir une bien faite. On pourrait, bien évidemment, chipoter et dire que, comme l’avait expliqué Kokopelli dans un de ses articles, la taille du skateboard de Conan n’était pas cohérente, s’agrandissant lorsque Genta et Mitsuhiko montent dessus.

II – Scénaristiquement

L’épisode 12 est une réussite scénaristique. Comme beaucoup d’affaires des débuts de la série, ce qui est le plus intéressant n’est pas tant l’affaire en elle-même, l’identité des coupables ou leur motivation, mais bel et bien l’histoire qui est racontée. Elle a beaucoup pour plaire.

Pour commencer, l’épisode 12 sort à une époque où Aoyama utilise d’une manière intelligente les Detective Boys. Comme vous avez pu le comprendre dans les critiques des épisodes précédents, nous avions beaucoup d’antipathie pour les Detective Boys à l’origine, pour une raison toute simple, qui était leur inutilité. L’équipe de production de l’animé a essayé, au début de la série, de faire apparaître les DB dans tous les épisodes de sorte à faire connaître ces personnages au public, et pour que les enfants apprécient la série. La conséquence de cela est simple : les DB ont été très mal utilisés depuis l’épisode 1, à l’exception d’une affaire où ils ont montré qu’ils pouvaient ne pas être des personnages passifs. Ils sont ici actifs, et plus qu’actifs : si Ayumi a relativement peu à faire, son caractère reste sympathique au spectateur, et Mitsuhiko et Genta se révèlent dans leur courage et leur détermination à sauver Ayumi. Chaque Detective Boys est donc montré sous son meilleur jour – cela fait d’autant plus plaisir que l’on sait qu’ils seront, dans la plupart des saisons suivantes, gravement sous-utilisés.

On apprend, avec l’épisode 12, à mieux connaître les Detective Boys. Si aujourd’hui nous savons que la relation entre Conan et eux va devenir de plus en plus amicale, jusqu’à ce que Conan ne les prenne plus de haut ni ne se moque plus jamais d’eux, lorsque l’épisode 12 sort, rien n’est moins sûr. Peut-être s’éloigneront-ils de Conan, peut-être seront-ils en froid avec Conan, peut-être ne resteront-ils pas longtemps dans la série. Lorsque Mitsuhiko demande à Conan s’il est amoureux d’Ayumi, on comprend que Mitsuhiko va avoir son propre petit arc narratif sentimental dans DC, arc qui se stabilisera et se gèlera durant l’arc d’Haibara.

L’épisode 12 confirme ce que l’on avait pressenti avec l’épisode 4 : Ayumi est tombée amoureuse de Conan durant l’affaire, et l’explicite avec des mots d’enfant ici. La scène, dans le manga, est assez belle, car elle montrait l’honnêteté des sentiments d’Ayumi – lorsqu’elle dit qu’elle n’a pas peur d’être kidnappée, car elle sait que Conan la sauverait, la scène est censée être belle. Problème : la scène est, dans l’animé, ridicule. L’ingénieur du son qui se chargeait de la bande-sonore de l’épisode, ou alors le storyboardeur, a choisi d’insérer une chanson japonaise en arrière-plan, qui brise totalement l’ambiance du moment. Un échec dont les peu nombreux fans de CoAyu, car ils existent, auront du mal à se remettre…

L’épisode 12 est d’ailleurs novateurs à de nombreux égards.
Tout d’abord, il introduit les désormais fameux « Detective badges ». On voit bien qu’Aoyama étoffe l’univers de la série au fur et à mesure qu’il l’écrit, car chaque gadget apparaît dans une affaire où il a besoin d’apparaître. Certains disparaîtront à jamais (la boîte de bentô-fax de l’épisode 10), d’autres auront une postérité. Le Detective badge en fait partie, quoiqu’il apparaisse de moins en moins. La raison est très simple : avec la démocratisation des téléphones portables, les DB peuvent se téléphoner, et même passer en visioconférence ces derniers temps, plutôt que d’utiliser les ondes radios.
Le skateboard à énergie solaire apparaît ici aussi pour la première fois. S’il est devenu un objet incontournable de presque tous les films Détective Conan, il n’est apparu que dans trois affaires dans la série entre la file 1 et la file 1010.

Le gadget qui est absent de l’épisode, cependant, c’est la modification des lunettes de Conan qui permet d’afficher les points cardinaux et localiser le signal émis par les badges. La faute à une mauvaise organisation de la saison 1, où certaines affaires antérieures à l’affaire de l’épisode 12 n’ont été adaptées qu’ultérieurement. Cela sera corrigé par la suite.

On remarque que Miyashita, qui a « scénarisé » l’épisode (comprendre par là : s’est basé sur le manga pour réorganiser l’histoire de sorte à ce qu’elle rentre dans un seul épisode) a fait un petit rajout qui témoigne déjà de toute la maîtrise qu’il a des personnages : lorsque Mitsuhiko est retrouvé par Conan, il dit : « Je n’aurais scientifiquement pas dû être remarqué… », et Conan se répond à lui-même : « Qu’est-ce qu’il y a de scientifique là-dedans ? ». Cette réplique de Mitsuhiko est certes peu, mais elle permet de faire comprendre aux spectateurs le profil du petit garçon, sa manière de pensée, ses centres d’intérêt. Son intérêt pour la science a été explicité dans l’épisode 4, où il explique vouloir acheter un grand télescope s’il retrouve le trésor des mafieux italiens.

Enfin, notons que l’épisode 12 marque la première apparition de l’université Teitan. Son apparition dans la série est assez surprenante, car Aoyama aurait pu utiliser l’université Beika, qui réapparaîtra à de maintes reprises dans la série.
L’université Teitan est rattachée à la cité scolaire Teitan, qui va du CP jusqu’à la Terminale. Ce modèle existe réellement au Japon, et certaines universités tokyotes l’utilisent.

III – Bilan

8,75/10. Un très bon épisode, dont l’ambiance et l’« affaire » sont plaisantes. Un peu en décalage par rapport aux épisodes qui précèdent et qui suivent, l’épisode 12 a le mérite de nous montrer un peu plus de la vie de Conan en tant que simple écolier. A voir pour sa culture de Conan-patriote.