Détective Conan épisode 800 : A la poursuite des cent millions de yens

L’épisode 800 de Détective Conan est sorti le 21 novembre 2015 et s’appelle « A la poursuite des cent millions de yens ».
Il est scénarisé par Takeo Ôno, et est storyboardé par Umesaburô Sagawa. Les superviseurs de l’animation sont Masatomo Sudo et Seiji Muta, et la directrice de l’animation est Keiko Sasaki.

L’héritière de la riche famille Saeki, une petite fille de cinq ans, a été kidnappée. « Ne contactez pas la police où la gamine meurt ! », déclare le coupable par appel téléphonique. Le patriarche des Saeki contacte tout de même Kogorô Môri et la police pour enquêter discrètement sur l’affaire, malgré les protestations de Tanaka Suzuko, la domestique de la maison. Celle-ci va livrer les cent millions de yens au kidnappeur.

Alors qu’elle arrive au lieu de rendez-vous, le coupable l’appelle pour lui dire de creuser dans le bac à sable de la zone de jeux pour enfants. Elle trouve une carte, qui la mène à un joailler, chez qui elle achète dix diamants que le coupable avait précommandés au nom de Saeki.

Le coupable lui téléphone à nouveau alors qu’elle s’éloigne de la joaillerie et lui dit qu’il sait qu’elle a un mouchard sur la broche de sa veste. Elle le casse, rompant la communication avec la police. Elle se rend à vélo loin du centre-ville de Tôkyô, où Conan la retrouve grâce à son propre mouchard qu’il avait posé sur elle avant qu’elle ne parte. Comme promis, le coupable rend l’enfant à ses parents.

Conan comprend l’identité du coupable. Il le retrouve et le coince.

I – Graphiquement

L’épisode 800 a, à n’en pas douter, de bons décors. Le manoir de la famille de la victime est très bien décoré et dispose d’une véritable identité visuelle. La course poursuite dans Tôkyô donne lieu à de très beaux décors, et les scènes dans la banlieue campagnarde de la capitale permettent à l’équipe de production de nous montrer de jolis paysages. Le seul défaut des décors de l’épisode est le salon du coupable, qui est particulièrement moche et mal fait. Le manque d’inspiration est, pour ce salon, flagrant.

Outre les décors, un épisode dont l’animation a été dirigée par Keiko Sasaki n’est que rarement critiquable. Sasaki fait un travail admirable depuis des années. Elle n’est certes pas la meilleure des directrices d’animation, et elle ne dessine pas les personnages aussi bien que le ferait un Seiji Muta. Mais elle fait indéniablement partie des meilleures directrices d’animation sur les épisodes « normaux » de la série. C’est pour cela qu’elle est souvent appelée sur les épisodes d’importance intermédiaire, comme ceux avec Kaitô Kid ou avec des éléments de trame principale ou secondaire en fond. Ce sera le cas de l’épisode 827 lors de la prochaine saison.

Seiji Muta et Masatomo Sudo sont les deux superviseurs de l’animation pour cet épisode, comme ils le sont dans la plupart des épisodes des dernières saisons en date. Comme nous l’expliquons souvent, leur rôle est principalement de dessiner quelques plans importants. Muta et Sudo sont parmi les rares animateurs de la série à dessiner les plans en « traits noirs », ces plans magnifiques dont le rendu est très proche du manga. On peut donc remarquer quelques plans de Muta et Sudo dans l’épisode, dont deux en traits noirs de toute beauté.

II – Scénaristiquement

Détective Conan est une très longue série, et réussissait, avec l’épisode 800, à établir un nouveau record de longévité. L’équipe de production avait fêté ce cap en faisant de l’épisode 700 la première apparition de Shiho dans la série depuis la saison 5. L’affaire était également le prologue du Mystery Train, confrontation de mi-arc où Conan allait se confronter une fois de plus à l’Organisation.

La déception fut donc grande lorsqu’il fut révélé que l’épisode 800 de la série serait un simple filler. Et même pas un filler scénarisé par un maître de la série comme Junichi Miyashita, non, mais un épisode scénarisé par Takeo Ôno. L’individu, peu connu chez les fans de Conan, a signé ses principaux fillers lors des épisodes 400 et quelques. Connu pour quelques grands échecs, comme Le Partenaire est Santa-san (ép. 566), il a tout de même à son bilan un des épisodes les plus cultes de la série, celui de la Femme des neiges (ép. 94). Le spectateur averti sait donc en lançant l’épisode qu’il peut être méfiant.

Mais les craintes du spectateur ne se réaliseront pas. L’épisode est banal, un peu lent, et surtout mal rythmé. Mais il n’est en aucun cas mauvais. Il fait plus que le minimum syndical, ce qui est une bonne chose, et introduit quelques bonnes idées. Mais il le fait avec si peu de conviction, et avec un scénario si plan-plan, que le spectateur ne peut pas s’attacher à l’épisode.

Prenons le thème principal de l’intrigue : le kidnapping d’une riche héritière. Cela a déjà été traité plusieurs fois dans la série, notamment dans l’épisode 2 et l’épisode 25. On comprend bien qu’après 800 épisodes, la série allait forcément se répéter. Mais là où des scénaristes de talent comme Kôchi ou Miyashita réussissent à rendre une ficelle scénaristique vue et revue en un excellent épisode, Ôno s’enfonce dans les clichés et ne semble jamais prendre la décision de s’écarter des poncifs. Il y a tant de manières dont il aurait pu rendre cet épisode inoubliable : faire en sorte que Conan monte à bord d’un hélicoptère pour traquer le coupable, ou faire en sorte que Ran ou Haibara se retrouve par hasard impliquées dans l’affaire. Là, il n’y a rien. Conséquence de quoi, cet épisode subira le même destin que tous les fillers du genre : ils seront à jamais oubliés.

Dans le domaine de l’anecdote, remarquons deux choses.
Tout d’abord, Aoyama fait revenir l’entreprise de livraison Cheetah, qu’il a introduite dans la série dans l’affaire du camion de livraison réfrigéré. Cette entreprise est ensuite apparue à multiples reprises dans la série.
Ensuite, bien que cela ne soit pas scénaristique à proprement parler, le doubleur Jin Urayama, qui joue le patriarche Kenzô, sera embauché pour jouer le rôle du Premier ministre du Japon dans le film 20.

III – Bilan

Un filler qui, en soi, n’a rien de désagréable, et qui remplit le cahier des charges des petits fillers oubliables. On aurait aimé qu’il soit un peu plus que cela, étant le huit-centième épisode de la série. Mais Ôno semble oublier toutes les bases de la création d’un scénario intéressant, et jamais il ne réussit à capter l’attention du spectateur. Dommage, car du côté de l’animation, Keiko Sasaki donne tout ce qu’elle peut. 5/10. Oubliable.