Détective Conan épisode 893 : Le mystère du restaurant étoilé

L’épisode 893 de Détective Conan est sorti le 24 février 2018 et s’appelle « Le mystère du restaurant étoilé ».
Il est scénarisé par Junichi Miyashita, est storyboardé par Yasuyuki Honda, et son animation a été dirigée par Akio Kawamura.

Kogorô, Conan et Ran se rendent en voiture dans un restaurant près d’un lac. Mais lorsqu’ils entrent, le restaurant est vide : les plats sont servis et sont chauds, mais il n’y a personne. Conan trouve le chef cuisinier, du sang au visage et à moitié assommé, et une feuille de papier au mur, sur laquelle il est écrit « Malédiction ».
Conan ouvre la porte de derrière, et suit des traces de pas qui mènent au lac. Au milieu de celui-ci, les chaussures des clients flottent.



La police arrive sur place, et l’inspecteur Megure interroge le seul témoin restant. Le chef cuisinier explique que les clients étaient employés d’entreprise.
Conan fouille la scène du crime, et trouve dans la poubelle un chèque mal rempli. Sur la table, il remarque que l’une des convives mangeait le dessert au moment de sa disparition, alors que les autres mangeaient l’entrée. Enfin, il y a un petit bout de verre coincé dans une veste à cause d’un verre cassé, mais il est introuvable dans la poubelle.

Conan se fait jeter de la scène du crime par Kogorô, mais y retourne quelques minutes plus tard après avoir fait une découverte sur Internet : le cuisinier possède le même nom qu’un homme qui a été poussé au suicide dans une sombre affaire liée à l’entreprise pour laquelle travaillaient les employés disparus. Alors que Megure cherche des yeux le cuisinier pour l’interroger, celui-ci a lui aussi disparu, et il ne reste plus qu’une feuille de papier avec le mot « malédiction ». Des nouvelles traces de pas mènent au lac.


Megure fait fouiller le lac, mais Conan emmène Takagi plus loin. Il lui explique que les feuilles de papier « Malédiction », une fois superposées, sont une carte qui mènent vers l’endroit où sont séquestrés les employés disparus. Ils se rendent à un entrepôt non loin du restaurant, l’ouvrent, et découvrent les victimes.

A ce moment-là, Kogorô et Megure se rendent au siège de l’entreprise en question, et découvrent le PDG menacé par le cuisinier. Conan endort Kogorô, et explique que le cuisinier a en fait créé toute cette mise en scène pour que Kogorô l’Endormi réussisse à prouver que son père ne s’était pas suicidé, mais avait été tué par l’entreprise. Ayant réussi son plan, le PDG de l’entreprise avoue qu’il a poussé le père du cuisinier à la mort.

I – Graphiquement

Graphiquement, l’épiode 893 est un très bel épisode, et se place aisément dans le top 10 des plus beaux fillers des cent derniers épisodes.
Les décors, tout d’abord, jouent un rôle important dans l’esthétique générale de l’épisode. Forêt, lac, reflets, jeux de lumière et coucher de soleil, tout est là pour créer une atmosphère extrêmement chaleureuse, pour ne pas dire accueillante. On se sent comme dans les vieux épisodes de la série, où l’ambiance générale des épisodes donnait envie de se plonger dans l’univers.

La direction graphique est aussi bonne, car elle a été dirigée par Akio Kawamura, qui maîtrise très bien l’esthétique de Détective Conan. Certains plans sont bien sûr moins beaux que d’autres, mais la plupart du temps, tout est acceptable et agréable. Le seul bémol du dessin de l’épisode est l’absence de traits noirs ; Kawamura faisant partie des meilleurs animateur-en-chefs de la série, on aurait souhaité qu’il y en ait.

Sur le plan du storyboard, il n’y a rien de bien notable, car il a été fait par Yasuyuki Honda. Celui-ci est un habitué de la série et il sait très bien ce qu’il fait. Il fait cependant deux erreurs dans l’épisode.
Tout d’abord, il choisit des plans que la direction graphique ne peut bien dessiner du fait des limitations qualitatives des animateurs et du petit budget de production. C’est un mauvais choix que de montrer des plans d’une voiture vue de derrière qui monte et descend des collines, parce que c’est une chose très difficile à animer pour l’équipe d’animateurs. Le rendu est donc forcément peu plaisant visuellement, là où un storyboard plus malin aurait montré la voiture du dessin ou de trois quarts, de sorte à ce que la scène soit plus facile à montrer.
Le deuxième défaut du storyboard est la coupure nette entre certaines scènes. Le travail du storyboardeur est de choisir à quoi les scènes doivent ressembler, et comment elles s’enchaînent. Seulement, Honda, par deux fois dans l’épisode, fait passer d’une scène à l’autre d’une façon un peu abrupte. Ainsi, on a l’impression que les personnages se télétransportent d’un endroit à l’autre d’une pièce, tout simplement parce que le storyboard n’a pas prévu de scène montrant le personnage se déplacer. Ce défaut de storyboarding sera aussi présent dans l’épisode 902, lorsque Conan tire un ballon de football sur une cloche : sur la scène n1, il est en plein mouvement (il court et frappe dans le ballon), et dès le mouvement n2, il est à l’arrêt, n’est pas essoufflé, et est sur son téléphone portable. Ce genre d’erreur ne nuit pas au visionnage de l’épisode, mais il est tout de même dommage de les constater.

Le storyboard reste très bon malgré cela. C’est lors d’une scène particulière que l’on s’en rend compte : le récit de la victime qui raconte comment il a été frappé par derrière.
Ce genre de scène a tendance à être de moins en moins montrée dans l’animé, du fait de la censure croissante que subit la série (et la télévision japonaise en général). Il devient par conséquent de plus en plus rare que l’on voie la scène où le coupable attaque sa victime. Et c’est là que l’on voit pourquoi Honda est un bon storyboardeur. Le storyboardeur malin est celui qui utilise à son avantage les limitations du format de production. Honda fait exactement cela lorsqu’il fait le storyboard de cette scène :



L’idée de montrer le coupable dans le reflet de la photo est très bonne, car le rendu est, finalement, plus saisissant que si on avait vu le coupable s’approcher véritablement de la victime.

Aussi, la reconstitution de la scène est très bien pensée : comme dans la série Sherlock, pendant qu’ils parlent, Megure et Takagi reconstituent mentalement la scène du crime avec ses personnages à table. Le rendu est bon, et permet d’exploiter au mieux le maigre temps imparti à l’épisode.

II – Scénaristiquement

L’épisode est-il aussi intéressant qu’il est beau ? Oui, très clairement.
L’idée principale de l’épisode, qui est une disparition subite de tous les clients d’un restaurant, est une idée que le terrible Ogizawa aurait pu pondre. Les fillers étranges, où des personnes sont tuées plusieurs fois ou disparaissent subitement, sont généralement sa spécialité. Mais cette fois-ci, c’est Miyashita qui est aux commandes, et il donne une leçon magistrale sur comment rendre un filler intéressant.

L’idée de base de l’épisode est très bonne, et elle est très bien développée. Les péripéties s’enchaînent de façon naturelle, la disparition du chef donne un rebond à l’intrigue, et on ne peut qu’être intéressés par la disparition soudaine des personnages. Comme bien souvent avec Miyashita, on en vient à se plaindre de la durée de l’affaire : Miyashita est un scénariste assez bon pour qu’il se voie confier des affaires en deux (voire trois) parties, et il est interloquant qu’on ne lui ait toujours pas demandé d’écrire les films Détective Conan en remplacement de Kôchi. On aurait préféré que l’épisode soit en deux parties, ce qui aurait permis à l’auteur de plus exploiter l’excellent scénario qu’il a écrit.

Le tour de force de Miyashita est de nous scotcher à l’épisode. Rarement les fillers réussissent à nous intriguer assez pour que l’on n’ait pas envie de décoller un œil de l’épisode. C’est là le cas. Même si l’identité du coupable est très facile à déduire, l’histoire reste prenante ; même lorsque l’on devine qui est le coupable, il y a encore des rebondissements.


Le seul défaut du scénario, si ce n’est qu’il est trop court, est qu’il n’utilise pas le personnage de Ran. Elle est présente, mais ne fait presque rien, ce qui est bien dommage. Etant donné le format « un épisode, une affaire », il est compréhensible qu’elle n’ait pas une importance considérable. Mais on en vient à espérer que les scénaristes de fillers pensent à écrire une affaire de temps en temps où Conan enquête avec Ran, et non pas avec Kogorô. Les rares fois où cela est arrivé, le rendu avait été très bon.
La relation Conan – Ran est donc remplacée par une petite scène bien sympathique où Conan enquête avec Takagi, ce qui est aussi intéressant. Leur relation est agréable à regarder, et on aimerait aussi plus d’enquêtes Conan/Takagi.

III – Bilan

Un épisode magnifique, avec une histoire prenante et intéressante, c’est du Miyashita tout craché. S’il scénarise beaucoup moins d’épisodes qu’avant, son talent est resté le même. Réussir à écrire un scénario captivant est dur, mais on reconnaît immédiatement le génie de l’auteur. C’est un 8 /10, pour un des meilleurs fillers de la saison 23.

Lire la critique de l'épisode 892

Lire la critique de l'épisode 894


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