Détective Conan épisode 900 : La vérité du huis clos révélée

L’épisode 900 de Détective Conan est sorti le 5 mai 2018 et s’appelle « La révélation du mystère du huis clos ».
Il est scénarisé par Nobuo Ôgizawa.

En fin d’après-midi, Kogorô et Conan se rendent dans un hangar désaffecté et fermé à clef. Se trouvent avec eux six personnes. Kogorô explique pourquoi il les a réunis.
Un chef d'entreprise, Toichi Azuma, qui se trouve avec lui dans le hangar, est passé à l’agence avec son secrétaire pour lui demander d’enquêter sur des appels téléphoniques d’intimidation et sur son agression dans un parking par une personne cagoulée.

Kogorô explique qu’il a mené son enquête, mais au moment où il s’apprête à dire une bêtise, Conan l’endort et finit la déduction. A ce moment-là, une des personnages présentes ouvre sa veste pour montrer qu’il a des une ceinture à explosifs. Il allume le briquet, quand tout le monde dans la pièce se met à rire.
Une des anciennes suspectes sort un panneau avec écrit « Caméra cachée » : tout n’était en réalité qu’une émission menée par Nichiuri TV au sujet de Kogorô, pour voir s’il réussirait à résoudre une enquête créée de toutes pièces.
Conan dit à travers la voix de Kogorô qu’il l’avait vu venir. Les acteurs sont donc déçus, et estiment que l'opération est un échec, mais une femme étrange du groupe dit « Non, c’est un succès ».
A ce moment-là, elle sort un pistolet, et explique qu’elle compte tuer Kogorô, car celui-ci a fait arrêter son amant six mois plus tôt après qu’il a commis un meurtre.
Conan est obligé de jouer un numéro pour gagner du temps, et lorsqu'il en a l'occasion, jette une bouteille d’eau sur la coupable de sorte à s’emparer de son pistolet. Elle est mise hors d’état de nuire par les acteurs.


I – Graphiquement

Commençons par les graphismes.

Les dessins de l’épisode sont assez jolis. Ils ne bénéficient pas du même soin que ceux de l’épisode 899, mais à peu de choses près. Les personnages sont plutôt bien dessinés. On regrette la simplicité du design des suspects. Nous acceptons généralement lorsque des suspects se ressemblent – dans une série de 900 épisodes, c’est parfaitement normal. Dès le début de la série, des troublants sosies apparaissaient tous les cinq ou dix fillers. Le problème vient du fait que là, c’est un design trop ressemblant avec le design utilisé dans l'épisode précédent. Impossible de passer à côté : c’est un mauvais point pour l’épisode.


A gauche, la coupable de l'épisode 900 ; à droite, la protagoniste de l'épisode 899

Les backgrounds sont cependant jolis et détaillés. Et c’est une chance pour l’épisode, car celui-ci ne se déroule (quasiment) que dans une seule et même pièce : un grand hangar désaffecté. Les décors sont jolis à regarder, sauf dans les flashbacks qui se passent à Tôkyô, où l’on voit des grandes rues vides. Les animateurs auraient-ils eu la flemme de dessiner trois passants dans le background ? Peut-être est-ce mieux que d'avoir des robots en 3D comme dans le film 21, ceci dit.

Les personnages sont assez bien animés, ou, dans tous les cas, rien en saute aux yeux comme étant moche. Le dessin animé Détective Conan n’étant pas un animé d’action, les personnages bougent peu. Il est donc facile pour un animateur malin d’animer DC en assez peu de temps, si on compare à des séries telles que One Piece ou Dragon Ball Super.

On regrette une fois de plus qu’il n’y ait (quasiment) pas de plans en traits noirs dans l’épisode. Les dessinateurs de la série qui savent en faire, à savoir Masatomo Sudo et Seiji Muta, ne prennent en charge que les épisodes les plus importants (les confrontations de fin d'arc ou les confrontations de mi-arc, telles que le Mystery Train et Scarlet Showdown, ainsi que les grosses affaires, comme le partenariat entre Conan et Ebizô des épisodes 804 et 805). Cela est probablement dû à leur salaire, plus élevé que ceux des autres dessinateurs. C’est dommage, lorsque l’on sait que des épisodes comme le 707, un filler, avait des magnifiques plans en traits noirs.

La dernière chose que l’on peut remarquer de positif dans cet épisode, c’est son storyboarding. Malheureusement, l’épisode 900 n’a pas été fait par le très bon storyboardeur de l’épisode précédent. Il ne faudra donc pas s’attendre à des prises de vue et des jeux de caméra aussi poussés. Cependant, le storyboard, fait par Atsuko Kase (qui a déjà storyboardé des épisodes dans les épisodes 800), est assez bien géré. Effets de caméra très jolis au tout début lorsque celle-ci passe devant les six suspects pour se rapprocher de Conan, plans sympathiques et originaux, vues du dessus lorsque Conan se met à terre pour imiter le regard de la coupable, c’est pas mal du tout. On préfère tout de même Okuwaki, pour la simple et bonne raison que Kase a abusé d’une technique de storyboarding dans cet épisode :


La division de l'écran est surutilisée. Ci-dessus, quatre des huit utilisations de l'épisode (soit une utilisation toutes les 2,5 minutes)

L’idée de diviser l’écran en deux ou trois parties pour montrer le visage surpris des personnages lorsqu’une information importante est donnée est bonne. Elle a déjà été utilisée par le passé. Cependant, Kase la surutilise, au point où cela devient trop prévisible, voire ridicule : l'épisode 856 utilisait déjà trop abondamment cette technique. L’épisode aurait esthétiquement gagné à n’utiliser cette technique que deux fois, lorsque Conan et Kogorô enquêtent ensemble, et cela aurait été parfait.


II – Scénaristiquement

Le scénario de l’épisode a été écrit par Ôgizawa. Plutôt que de vous présenter le personnage, nous vous laissons lire notre série d’articles « Les fillers par année », où nous expliquons en long, en large et en travers, pourquoi Ogizawa est un scénariste très étrange, pour ne pas dire mauvais. L’homme a tendance à croire que tout ce qui sort de l’ordinaire est bon. Or, si la créativité est positive, tout ce qui rime n’est pas poésie. La plupart de ses épisodes ont donc reçu une notre entre 0 et 5 de la part du KP.

Et pourtant, le scénario est bon. Voire même très bon, pour un filler. Alors que le scénario de l’épisode 899 était plutôt basique dans son déroulement (si ce n'est sa fin), le scénario de cet épisode-ci est original tout du long, et on va de surprise en surprise.
La première surprise scénaristique, c’est que l’affaire commence par la fin : Kogorô réunit tous les suspects une fois qu’il a résolu l’affaire pour leur expliqué son raisonnement. Donc, l’affaire est expliquée par des flashbacks. Cette technique scénaristique est très dangereuse car la plupart du temps, elle perd le spectateur. C’est cela qui perdit le film 16, par exemple, qui faisait des aller-retours constants entre présent et passé. Et pourtant, Ôgizawa réussit à s’en tirer bien, même très bien.
La grande surprise, c’est qu’au milieu de l’épisode, on apprend qu’en fait tout n’était qu’une caméra cachée. Retournement complet de situation qui fait plaisir, et qui donne à cet épisode une originalité certaine.
Et alors que l’on croit le mystère résolu, une des suspectes sort un pistolet et menace de tuer Kogorô qui, endormi, ne peut se défendre. Et c’est là que l’on comprend qu’Ôgizawa peut, de temps en temps, dans un éclair de génie, faire des choses vraiment bonnes. Car Conan ne peut pas réveiller Kogorô, n’a pas de fléchettes anesthésiantes restantes, pas de téléphone et pas de chaussures amplificatrices de force. Il doit se débrouiller pour gagner du temps comme il peut. Certes, l’exécution n’est pas terrible (voir Conan se mettre à genoux pour sauver Kogorô est presque embarrassant), mais c’est bien fait, et la tension est palpable.


Dernière chose intéressante du filler : il met une fois de plus en avant Conan et Kogorô, et seulement eux. C’est intéressant, car les fillers ont tendance à faire apparaître les Detective Boys et/ou Ran, mais cela fait deux fois consécutives que ce n’est pas le cas. C’est agréable à voir, et nous rappelle l’excellente idée du film 10 de faire en sorte que Conan et Kogorô travaillent ensemble. On a beaucoup apprécié cette scène où Conan se cache derrière le fauteuil de l’agence pour écouter la déposition de la victime : c’est comme si Kogorô était Watson, et Conan, Sherlock… Ou est-ce l’inverse ?

III – Bilan

La légende raconte qu’Ogizawa réussit un scénario sur dix qu’il écrit. Même si c’est globalement exagéré (Ogizawa en réussit en réalité un sur vingt), l’épisode 900 est, à ce jour, un de ses très rares épisodes bien écrits. L’audace paie lorsque le talent va avec, et pour cet épisode 900, les fées du Japon se sont penchées sur lui. Les graphismes tiennent la route et le storyboardeur se paie même le luxe de quelques effets bien trouvés : c’est un bon épisode. Et sûrement un des fillers des épisodes 800 – 900 à ne pas rater.

L'épisode n'est cependant pas exempt de défauts. Etant donné le peu d'importance de l'affaire, on aurait préféré qu'elle ne couvre qu'un tiers de l'épisode et non pas sa moitié. Cela aurait permis de développer plus les stratagèmes de Conan pour tenter de sauver les victimes de la prise d'otage. 


Note : 7,5/10.

Lire la critique de l'épisode 899   

​ ​​Lire la critique de l'épisode 901

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