Détective Conan épisode 902 : Le SOS de l'avocate Kisaki

L’épisode 902 de Détective Conan est sorti le 19 mai 2018 et s’appelle « Le SOS de l’avocate Kisaki ».
Il est tiré des files 984 – 986 du manga (tome 93). Il est storyboardé par Umesaburô Sagawa.

Alors qu’un des malfaiteurs allait ouvrir le tiroir dans lequel Eri Kisaki se cachait, le chef du groupe l’arrête. Eri continue donc de textoter à Ran en essayant de lui faire comprendre qu’elle est la véritable Eri, et que les autres messages ne sont pas d’elle.
Malheureusement, les kidnappeurs se rendent compte de son stratagème (n’utiliser que des virgules occidentales), et l’imitent. Alors, Eri donne subrepticement des indices pour indiquer le lieu où elle se trouve.

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Conan court vers un temple, et appelle Eri. Il envoie un ballon de football sur la cloche, et entend le résonnement dans le téléphone d’Eri. Grâce à cela, il réussit à déterminer dans quel quartier elle se trouve.

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Une fois arrivés dans le quartier en question, Kogorô, Conan et Ran essaient de trouver l’immeuble désaffecté où elle a été séquestrée. Kogorô réussit à le localiser, et voit Eri passer la tête par la fenêtre. Mais pile à ce moment-là, un des agresseurs arrive par derrière elle. Kogorô escalade l’immeuble et arrête le coupable à temps. Au rez-de-chaussée, Ran met K.O. les malfaiteurs restants. Elle confronte Conan au sujet de son attitude, estimant qu'il n'agit pas comme un enfant de six ans. Mais Conan disperse ses soupçons en disant que "Shinichi-niichan" l'aidait au téléphone.

L’agent Takagi arrive en voiture de police pour arrêter les criminels, mais Kogorô refuse d’aller au commissariat pour faire sa déposition. Il lui explique qu’il doit aller voir un film au cinéma avec Eri.


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I – Graphiquement

L’épisode 902 diffère graphiquement de l’épisode 901, car le chef d’animation n’est plus le même. Alors que le 901 était dirigé par Ôtomo, le 902 est dirigé par Asuka Tsubuki. L’épisode est certes supervisé par Muta, mais comme nous l'avons expliqué dans la critique précédente, son implication est très variable selon l'épisode. Ici, on ne ressent quasiment jamais sa patte : il a dessiné les scènes importantes à la fin de l’épisode (Kogorô qui arrête le coupable avant qu’il ne taze Eri, Conan qui dit à Ran que Shinichi l'aidait au téléphone), mais rien d’autre.

Les décors de l’épisode 902 sont aussi bons que ceux du 901. On remarque cependant que le design de la pièce dans laquelle Eri se cache à la fin du 901 a changé dans le 902 : la couleur au sol et les motifs ne sont plus les mêmes, les craquelures dans la pièce non plus. Cela ne se remarque cependant que lors d’un visionnage attentif. Il en va de même pour la différence de style graphique : passer d’Ôtomo à Tsubuki ne fait pas le même effet que de passer d’Ogawara à Muta, où, là, le choc est bien plus rude. Ôtomo et Tsubuki ayant des dessins relativement dans la même veine, même si Ôtomo a une meilleure maîtrise des designs des personnages, le changement d’équipe graphique ne choque pas. Le comité de production des épisodes de Conan devrait cependant garder les mêmes équipes lors des affaires en deux parties, et laisser les équipes secondaires sur les fillers.

Dans le manga, l’apogée de l’affaire est la scène où Kogorô arrête le coupable juste avant que celui-ci ne taze Eri. Il sort de l’encadrement de la fenêtre, et après un osoto bien placé, immobilise le coupable. Seulement, la scène est storyboardée d’une manière telle que tout l’aspect épique de l’action de Kogorô part en poussière : au lieu d’une scène panoramique montrant Kogorô, Eri et le bras tendu du coupable, comme dans le manga, l’animé ne montre que le bas de la bouche de Kogorô, puis fait un long et gros plan inutile sur les yeux de Kogorô. Le sauvetage d’Eri est donc moins épique dans l’animé que dans le manga.


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Mais si Sagawa a mal storyboardé le sauvetage d’Eri, la véritable réussite de l’épisode, son apogée réel, est ailleurs. Au rez-de-chaussée, Ran arrête les coupables avec des techniques de karaté, et dit à Conan que son attitude était étrange. Conan sort son téléphone, et fait croire à Ran que c’était « Shinichi-niichan » qui lui donnait des instructions.
Alors que cette scène était assez rapide dans le manga (aucune case prenant toute la largeur de la page, un déroulement assez banal), l’animé lui donne une splendeur inespérée. Les plans sur les visages de Conan et Ran sont de bonne qualité (à part les deux premiers, qui ont été faits par Tsubuki et non par Muta), les mouvements de caméra sont en adéquation avec l’ambiance de la scène, et la musique en arrière-plan est parfaite. On regrette l’échec de la scène avec Kogorô, mais celle-ci juste après efface la déception.
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II – Scénaristiquement

Le scénario de cette affaire est particulièrement bon. Comme souvent, on aurait préféré qu’Aoyama ne se cantonne pas au schéma des affaires en trois chapitres/deux épisodes : un kidnapping d’Eri Kisaki, voilà qui aurait mérité cinq chapitres, ou un épisode spécial de 45 minutes.

On pourrait croire qu’une lassitude s’établirait, avec ce genre de scénario. Après tout, Eri vient grossir le rang des personnages de Détective Conan qui ont été kidnappés : Ran, Ayumi, Haibara, Conan (trois fois), Yumi dans l’Arc de Rum, etc.. Mais non : Aoyama réussit à rendre l’affaire intéressante et fraîche en utilisant à son avantage des nouvelles technologies et en faisant une mise en scène tout ce qu’il y a de plus aoyamaesque. Le manque d’ambition de l’affaire est son seul défaut : Eri Kisaki kidnappée, c’était une chance en or pour créer un enjeu dramatique de taille.

Ce qui est aussi appréciable, c’est lorsque l’adaptation en animé permet d’améliorer le scénario. Dans le manga, la réussite du sauvetage d’Eri est due au hasard : Kogorô trouve l’immeuble dans lequel sa femme est séquestrée par le plus grand des hasards en se retournant. Dans l’animé, une scène d’une quinzaine de secondes nous montre Kogorô et Conan se séparer pour quadriller le quartier, ce qui rend le tout bien plus réaliste. Ce n'est pas grand chose, et ça ne change pas l'épisode, mais cela témoigne du talent de Sagawa comme storyboardeur.

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III – Bilan

Un scénario qui n’ennuie pas et qui a un enjeu clairement défini, des dessins certes moins bons que dans l’épisode précédent mais qui restent agréables, des décors intéressants et une scène très bien réussie, c’est un 8/10. Un épisode à regarder absolument, qui boucle une des affaires les plus sympathiques de l’Arc de Rum.