Détective Conan épisode 890 : La Nouvelle maîtresse et le squelette (Deuxième partie)

L’épisode 890 de Détective Conan est sorti le 27 janvier 2018 et s’appelle « L’Affaire du squelette de la nouvelle maîtresse, Deuxième partie ».
Il est tiré des files 966 et 967 du volume 91, et est storyboardé par Umesaburô Sagawa et Yasuichiro Yamamoto. Le directeur de l’animation est Atsushi Aono.

Conan comprend, grâce à des indices de Rumi Wakasa, ce que signifiait le code. En remplissant l’emploi du temps par des hiragana, plus deux hiragana tombés en désuétude, le message original peut être reconstitué. Il appelle les voleurs à récupérer leur part du butin au vieil entrepôt.

Le petit détective concocte un faux code de sorte à faire tomber les voleurs dans un piège. Ils reviennent sur place le soir-même avec l’inspecteur Shiratori et Rumi Wakasa, et ils piègent deux des voleurs dans la cave de l’entrepôt. Mais un troisième malfaiteur arrive par derrière et met Shiratori K.O.. Conan et les DB sont enfermés dans la cave, et le caveau se ferme. Rumi Wakasa met à son tour les malfaiteurs K.O., et fait semblant de ne pas savoir comment elle a fait. 

I – Graphiquement

L’épisode est, graphiquement, très spécial. Le KP a reçu plusieurs messages de fans de Détective Conan nous demandant ce qu’il s’était passé entre l’épisode 889, et l’épisode 890. Le design des personnages avait sans aucun doute changé entre les deux épisodes, et de manière visible.


En haut à gauche et en haut à droite, le style de dessin "classique" de l'épisode précédent.
En bas à gauche et en bas à droite, le style de dessin d'Atsushi Aono


La raison du changement du style graphique est le fait que le directeur de l’animation de l’épisode 890 est Atsushi Aono.
Aono est un vieux de la vieille, car il a été choisi pour faire partie de la toute première équipe de production de la série, en 1996. Il a ainsi travaillé sur toutes les saisons, de la première jusqu’à neuvième (2005). Et après l’épisode 406, Aono a tout simplement  disparu du paysage de Détective Conan. Alors qu’il avait défini le look de la série, qu’il avait été un modèle lors des premières saisons, et en partie responsable de la beauté de nos épisodes favoris, il a tout bonnement arrêté de travailler sur la série. Et l’épisode 890 marque son retour, après treize ans de disparition.

Et c’est là que le phénomène Aono nous frappe en plein. Si dans les 400 premiers épisodes, le style d’Aono colle parfaitement au côté un peu « bonhomme », rondelet, de la série, et s’inscrivait dans une esthétique générale concordante, le style d’Aono choque dans l’épisode 890, parce qu’on n’a plus l’habitude de voir sa patte graphique et parce que l'Arc de Rum a cette ambiance un peu plus "sérieuse" que les premiers épisodes de la série.

L’effet du passage au digital a été de neutraliser les spécificités des styles de dessin des animateurs-en-chef. Alors que, dans l’animation papier, on pouvait distinctement reconnaître l’animateur-en-chef de l’épisode, l’animation digitale a « régularisé », normalisé, moyennisé les dessins, de sorte à ce que tous les épisodes aient un look similaire. Or, Aono a un style bien à lui que le passage au digital n’a pas su moyenniser. Cela crée un choc graphique qui à la fois nous rappelle les belles heures graphiques de la série, mais aussi, paraît un peu hors-sujet, dépassé. Il est certain que si Aono redevenait un animateur-en-chef régulier sur Conan, comme il l’a été par le passé, son style nous surprendrait moins. Il n’en reste pas moins que l’effet est saisissant et immédiat sur le spectateur, en bien ou en mal selon votre goût personnel.

Ce que l’on peut objectivement dire, c’est que l’épisode est particulièrement intéressant pour qui s’intéresse aux processus d’animation. En effet, comme le style d’Aono est très reconnaissable et diffère quelque peu des modèles de la série, Muta et Aono se sont divisé la tâche. Les scènes dessinées par Muta, qui a le style « de base » des personnages, sont facilement reconnaissables par rapport aux scènes dessinées par Aono.

A gauche, le style rondouillard d'Aono ; à droite, le style "classique" de Muta

Ceci dit, le style d’Asuka Tsubuki, animatrice-en-chef de l’épisode 889, est aussi un peu rondelet, ce qui permet de limiter le choc graphique entre les deux épisodes. Le choc est donc principalement entre les scènes de Muta et d’Aono, à l’intérieur du même épisode.

On remarque qu’Aono maîtrise parfaitement Conan et Haibara (il a beaucoup travaillé sur l’Arc d’Haibara), mais qu’il a un peu plus de mal avec Rumi. Son visage n’est pas très bien dessiné lorsque c’est Aono qui dirige la scène. Les rares fois où son visage rend bien sont lorsque Muta s’en occupe. Si Aono venait à être réembauché pour un futur épisode, il vaudrait donc mieux qu’il le soit sur des épisodes fillers, sans personnages de la trame. On remarque, une fois de plus, que l’équipe de production de l’animé n’a pas l’idée de mettre les meilleurs animateurs sur les épisodes où des personnages importants sont présentés : il en était allé de même pour Shûichi, Masumi et, bientôt, Wakita.

Si ce point noir poursuit tout l’épisode, on peut remarquer quelque chose de très positif : la représentation du cerveau de Conan. Le personnage étant si mythique, et son intelligence légendaire, essayer de représenter son esprit est quelque chose de risqué. Mais la direction graphique a été très bonne sur ce point, tout comme ce fut le cas pour le film 17. C’est donc un bon point pour l’épisode.

II – Scénaristiquement

L’affaire est intéressante. Comme souvent avec les bonnes affaires en deux épisodes, on aurait préféré que trois épisodes la composent plutôt que deux. Malheureusement, Aoyama aime son format « 3 chapitres, chapitre 1 = introduction, chapitre 2 = enquête, chapitre 3 = conclusion », ce qui se traduit en animé par un « 2 épisodes, épisode 1 = introduction et début d’enquête, épisode 2 = fin d’enquête et résolution ». Cela contracte toutes les histoires, et empêche l’auteur de mettre en place une histoire ambitieuse. Pourtant, ce scénario en avant la capacité, tant elle baignait le spectateur dans une ambiance agréable et Conan-esque.

D’un point de vue purement scénaristique, ce que l’on peut souligner, c’est la stupidité de Conan. Alors qu’il rencontre cette nouvelle prof, qui pourrait potentiellement être une ennemie ou un espion, il lui dit directement qu’il a une montre à flèchettes anesthésiante, ce que Rumi ne manque pas de remarquer. Peut-être est-ce volontaire de la part d’Aoyama, pour montrer que l’insouciance et la relaxation de Conan, qui est en God-mode depuis qu’il a battu l’Organisation et le PSB lors du Mystery Train et Scarlet Showdown, va le mener à des situations dangereuses. C’est bien possible, mais sur le moment, on se demande à quoi Conan pense.

L'épisode a le droit à une scène qui deviendra bientôt un classique : la scène finale. Son écriture et sa mise en scène sont excellentes, et c'est un plaisir visuel que de voir Rumi mettre hors d'état de nuire les coupables. Cette scène définit le personnage qu'est Rumi.

Si l'on regarde l'épisode plus globalement, on se rend compte que celui-ci donne un nouveau coup de hache à l'idée selon laquelle les OAV de Conan pourraient être canons. En effet, dans l'OAV 7, le professeur Agasa laisse un code aux Detective Boys. Ceux-ci ne réussissent pas à le déchiffrer, et c'est Conan qui leur explique l'origine du baton de Plutarque. Or, dans cette affaire, les Detective Boys découvrent le baton de Plutarque, ce qui annule l'OAV 7 et le met définitivement dans la catégorie des dérivés hors-continuité. Pour en savoir plus sur la canonicité dans Conan, cliquer ici.

III – Bilan

Un bon épisode, avec des rebondissements, une ambiance particulière, et des bons graphismes. Un épisode à voir pour sa culture de Conan-patriote, parce que c’est l’affaire introductive d’un des trois suspects de l’Arc de Rum. 8/10.

Lire la critique de l'épisode 889

Lire la critique de l'épisode 891

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