Détective Conan épisode 952 : L'Enigme du cocktail

Une nuit, Tôru Amuro entre par effraction dans la maison des Kudô. Shûichi Akai pointe un revolver sur sa tempe, tandis qu’Amuro fait de même. « Tu as baissé ta garde, Shûichi Akai ! », dit Amuro. « Toi aussi, Bourbon », répond-il.

Neuf heures plus tôt, Tôru Amuro, le simple serveur du café Poirot, apportait des sandwiches à l’agence de Kogorô. Kogorô, Ran et Conan étaient sur le point de partir, car Kogorô a été à peine recruté par un riche homme d’affaires qui a reçu des menaces de mort.

Amuro commence à poser des questions à Ran sur Shinichi Kudô et son retour à Kyôto. Conan l’interrompt en lui proposant de venir avec eux, ce qu’il accepte. Alors qu’ils sont en bas des escaliers de l’agence, Amuro se souvient avoir oublié son téléphone portable sur la table basse de l’agence. Ran va lui chercher.

Ils arrivent au restaurant. Il s’agit d’un « bunny club », où des femmes déguisées en lapin servent les plats. Le group rencontre Gunzô Morôka, un riche homme d’affaires, avec son majordome, Atsufumi Fukamachi.  

Arrive Yuri Asakura, une des serveuses du restaurant. C’est la préférée de Morôka. Il la fait manger avec le petit groupe. Essayant d’attraper une des sauces sur la table, Morôka marche sur les lunettes de son majordome. Il va chercher une paire de rechange avec Kogorô dans la voiture.

Une concurrente de Yuri Asakura, qui ne l’aime guère, fait semblant de renverser par mégarde du vin sur ses manchettes. Elle est donc forcée à aller les remplacer aux vestiaires. Lorsqu’elle revient, elle mange ce qu’elle a commandé (une assiette de fruits), et boit du vin. Elle s’écroule alors au sol.

La police arrive. Les médecins-légistes découvrent de l’arsenic dans le verre de la jeune femme.

I – Graphiquement

L’épisode 952 est, en grande partie, une réussite graphique. Il n’est pas magnifique, et la directrice d’animation, Keiko Sasaki, a parfois du mal à dessiner le visage des personnages principaux. C’est une grave erreur de la part de l’équipe de production de l’animé que de mettre une animatrice en chef qui a du mal à dessiner Amuro sur un épisode dont il est précisément le personnage principal de cette affaire. Mais ceci mis à part, le chara design est globalement respecté, et les plans en traits noirs s’insèrent parfaitement dans le storyboard.

Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, le costume de lapin des serveuses n’a pas été censuré dans le passage du manga à l’animé. Ce qui a fait l’objet d’une censure, cependant, fut la tape aux fesses de Kogorô à une serveuse – et on comprend bien pourquoi. Amuro lui-même fait remarquer que cela « pourrait être » du harcèlement sexuel.

Le storyboard de l’épisode est assez bon. Les plans sont variés, assez dynamiques, et peu de plans durent trop longtemps. D’un point de vue graphique, l’épisode est donc plus que satisfaisant.

II – Scénaristiquement

L’épisode 952 est la troisième affaire tirée du manga de la saison 24, alors qu’il sort fin août. L’avalanche de fillers qui a précédé cet épisode, et qui suivra l’épisode 954, est due au ralentissement du rythme de sortie des chapitres du manga – le maître, Aoyama, prenant des repos bien mérité.

Le problème majeur dans cette organisation des épisodes est que les trois dernières affaires en date sont directement liées. Les épisodes 927 et 928, qui traitent de l’arc de Kyôto, donnent directement sur une affaire où les suspects de Rum apprennent que Shinichi Kudô est encore en vie. Les deux affaires auraient dû logiquement se suivre. Mais, comme nous l’avons écrit dans la critique idoine, il a été décidé de programmer une dizaine de fillers entre l’affaire de Kyôto et l’affaire en question, ce qui rompt totalement la fluidité du manga. Le problème est ici le même : l’épisode 942 nous laisse sur Amuro découvrant un SMS de Rum qui lui demande d’enquêter sur Shinichi Kudô rapidement. Dans le manga, le chapitre suivant correspond à cet épisode-ci. Dans l’animé, neuf épisodes (deux mois de diffusion) s’intercalent entre le SMS de Rum et cet épisode-ci où Bourbon commence à enquêter sur Shinichi, ce qui n’a plus aucun sens. Il aurait bien mieux valu faire suivre d’un coup les affaires de Kyôto, de Maria-chan et celle-ci, puis ensuite faire une avalanche de fillers.

Ceci ayant été dit, nous pouvons déjà remarquer que l’épisode 952 est la première partie d’une affaire en trois épisodes. Cela est étonnant : l’affaire durait, dans le manga, quatre chapitres. Les affaires en quatre chapitres sont généralement « squeezées » en deux épisodes (un épisode couvrant normalement un chapitre et demi). Il a ici été décidé d’étendre ces quatre chapitres sur trois épisodes. L’objectif était probablement de faire patienter les fans avec autre chose que des fillers. Comme les cinq des six prochaines affaires du manga qui suivront en animé feront également au moins quatre chapitres, on peut se douter que l’équipe de production décidera également d’adapter en trois épisodes.

Le grand avantage d’adapter des affaires en trois épisodes au lieu de deux est que l’équipe de production de l’animé a plus de temps pour mettre en place une mise en scène intéressante. Les épisodes de Conan ont tendance à être très nerveux, très rapides, parce qu’il faut faire entrer le plus de pages du manga que possible en peu de temps. L’épisode 952 prend tout le temps qu’il lui faut, quitte à étendre certaines scènes, à rajouter des indices concernant le meurtrier ici et là, et rendre plus logiques certains dialogues qu’Aoyama n’avait pas très bien réussis.

Le problème majeur de cette mise en scène est que l’équipe de production de l’animé, pour étendre la durée de l’épisode, nous montre au tout début Amuro entrer dans la maison des Kudô et se retrouver face à face avec Shûichi Akai. Dans le manga, Aoyama avait dessiné cette scène dès le début de l’affaire, certes, mais il avait pris soin de ne pas dessiner le décor, afin que l’on ne sache pas où les personnages se trouvaient. En nous montrant Amuro dans la maison des Kudô dès le début, on comprend ab initio son plan, ce qui gâche un peu le plaisir du suspense.

En termes de trame, on remarque que Bourbon se rapproche dangereusement de Conan : il demande à Ran des informations concernant Shinichi, et il a un comportement étrange à l’agence. Nous avions correctement analysé ses actions et son plan lorsque le chapitre était sorti, dans le cadre d’une KudoAnalyse. Bourbon demande à Ran innocemment s’il est vrai qu’elle va faire la poussière chez les Kudô de temps à autre – cette question n’est pas innocente, car elle permet à Bourbon de déterminer si Ran a la clef pour entrer chez les Kudô ou pas, et ensuite de pouvoir en faire un double pour rentrer chez Shinichi.

Certains ont critiqué le personnage de Bourbon en avançant qu’il ne faisait pas assez peur, qu’il ne ferait jamais de mal à Conan. Ce serait oublier qu’Amuro, parce qu’il est Homme en Noir, et parce qu’il est aussi agent du Bureau de sécurité publique, a une morale très grise. Le film 22 nous a montré l’ambivalence du personnage, prêt à mettre en danger et ruiner la vie de quelqu’un si la raison d’Etat le commande. On comprend donc très bien que, si son plan le nécessite, il pourra être un ennemi de l’équipe Kudô.

L’affaire de l’épisode en elle-même est assez intéressante. Elle n’est certes pas passionnante, mais elle réussit à capter l’intérêt du spectateur. Il est incroyable de se dire qu’après tant d’affaires, Aoyama ait encore assez d’idées pour créer une enquête qui ne soit pas (trop) une redite des précédentes. L’affaire est un peu facile car on peut vite se douter du lien entre Morôka et Yuri, mais peu importe – là n’est pas l’intérêt de l’épisode.

Sur le plan de l’anecdote, nous pouvons souligner la petite blague de fin d’épisode. Le doubleur d’Amuro dit « Les vacances d’été finissent avec un épisode avec des femmes en petites tenues de lapin ? », et le doubleur d’Akai répond en japonais « Masaka koko made to ha na », la célèbre phrase qu’Akai dit à Kir à Raiha Pass avant qu’elle ne tire. Une petite référence qui fera sourire les fans les plus assidus.

III – Bilan

Rum avance ses pions en envoyant Bourbon enquêter sur Shinichi Kudô, tandis que Conan doit essayer de résoudre une sympathique affaire dans un restaurant folklorique. Le support à cette histoire, ses dessins, sont de bonne qualité et permettent de suivre l’enquête de manière plaisante. 8,5/10, à voir.